Cet article permet de compléter les réponses au quiz du bulletin municipal. Les réponses sont en vert. Cette année, ce sont les monuments et les noms d’une rue de Beauvilliers qui font l’objet de questions. Le hameau Mauloup, dans la page suivante du bulletin, est le premier d’une liste qui va se développer dans les années à venir. Il ne fait pas partie du quiz, puisqu’il n’y a pas de réponse définitive et que les connaissances des Beauvilloises et des Beauvillois sont requises.
Mais revenons à notre questionnaire annuel.
Notre village a la particularité de posséder trois monuments aux morts. Pour les cérémonies du 11 novembre et du 8 mai, c’est celui du parvis de l’église qui est fleuri.
Plus curieux, compte tenu de la loi de séparation des Églises et de l’État de 1905, une plaque commémorative se trouve sur les murs à l’intérieur de l’église de Beauvilliers, avec des noms de soldats morts lors des deux dernières guerres, ainsi que celui d’Éric Arondeau, tombé en 1970 et pour qui a été organisée une cérémonie samedi 10 octobre cette année.
Les églises font partie du patrimoine communal, aussi n’est-il pas anticonstitutionnel de trouver cette plaque dans l’enceinte de ce lieu. Toutefois, cela peut paraître inhabituel.
Devant le cimetière, le monument aux morts, « au mort », devrait-on écrire, est dressé à la mémoire du jeune Caporal Louis Heimann, tué au cours d'un accident aérien, en passant une épreuve du brevet de pilote militaire. Son avion s'est écrasé près de la gare d’Allones - Boisville-la-Saint-Père, au nord de Beauvilliers le 30 septembre 1915, ce qui explique qu’il soit enterré dans notre commune. Louis Heimann était né à Paris, il était élève pilote de l'école d'aviation militaire de Chartres, il ne faisait pas partie des enfants de Beauvilliers morts pour la France, qui figurent sur les monuments du village.
De nombreuses maisons, édifices, comme par exemple l’église ou la mairie de Beauvilliers, sont en pierres recouvertes d’un crépi ou d’un enduit beige rosé. Cette couleur se retrouve dans des habitations bien au-delà de Beauvilliers. Des maçons l’appellent le « rose de Chartres ». Il s’agit d’une coutume romaine qui consistait à piler de la brique dans l’enduit qui scellait les pierres et donnait cette couleur à l’ensemble de la maison.
Les rues, impasses et places de Beauvilliers ont des noms souvent très explicites. La rue de Paris dans le bourg de Beauvilliers, autrefois appelée tout simplement « la grande rue », la rue de Chartres (Mauloup) ou d’Orléans (Villereau) indiquent une direction vers une grande ville. Ces noms sont réservés aujourd’hui à des agglomérations importantes. Autrefois, presque toutes les rues portaient les noms des villages proches, rue de Voves, chemin d’Allonnes, de Boisville… Notons que parallèlement à la Grande Rue, on peut trouver aujourd’hui à Mauloup, la Rue Courte dont le nom est assez explicite… Deux directions, Nord et Midi, dans les hameaux, (Vieil Allonnes et Mauloup) correspondent bien à un axe Nord-Sud. La rue de Beauce, à Hombière, referme la liste des rues liées à la géographie.
Les rues de l’Arche, du Pont, du Château, (et Grande cour) racontent les constructions passées. Les rues de la Sablonnière ou les Carrières donnent une bonne idée des ressources du village. Comme dans de nombreux lieux, les fleurs et les arbres prennent une place importante, les Acacias, les Lilas, les Roses, les Saules, les Tilleuls ou les Troènes représentent une large part de noms de rues. Classiquement, on trouve aussi une date, le 19 mars 1962, fin de la guerre d’Algérie, il serait intéressant de savoir ce qui a présidé au choix de cette date, des anciens combattants ? Des hommes impliqués dans cette guerre d’indépendance ?
D’autres noms sont moins explicites, plus spécifiques à notre commune. Les rues de Bissay, Villeneuve la Vierge, sont attachées à des fermes, et portent des noms dont on peut retrouver l’origine, mais qui n’ont pas de signification propre. Bissay pourrait trouver son origine dans buis ou buisson (Busseium en 1200). Villeneuve la Vierge, composée de deux noms aisément compréhensibles, est cependant plus complexe qu’elle n’en a l’air, vierge pouvant être entendu comme une terre non encore cultivée, ce qui complète l’idée d’une « villeneuve » ou « villa nova », la traduction de villa étant plus proche de ferme que de ville. Ou bien, la proximité de Chartres et de sa cathédrale Notre Dame, peut faire penser à une interprétation plus religieuse. Notons que Mésangeon est également une ferme de Beauvilliers, qui s’apparente à un lieu-dit, mais qui n’a pas donné son nom à la rue où elle est sise. Mésangeon provient très probablement de mésange, mais peut-être du nom d’un ancien propriétaire.
D’autres noms méritent que l’on s’y attarde, la Place du Bouriteau à Mauloup et la Rue de la Croix Rouge à Vieil Allonnes. Ces rues feront l’objet d’un autre article car leur histoire est certainement connue d’anciens et il serait sage de bien prouver l’origine de ces noms, les renseignements actuels étant très divers.
Reste notre rue du Docteur Lemercier, à Vieil-Allonnes. Il existe peu de renseignements sur ce médecin pharmacien exerçant à Voves. C’est dans l’inventaire des noms du patrimoine communal (ouvrage présent dans la bibliothèque de la mairie) que l’on trouve la trace de cet élu municipal de Voves, conseiller d’arrondissement, qui dès 1900, prônait la modernisation des campagnes (éclairage public à l’acétylène, alimentation en eau potable). Son nom n’est cependant pas passé à la postérité. C’est grâce à la mobilisation d’un secrétaire de mairie-instituteur, aidé des conseillers municipaux, des employés de mairie, des bibliothécaires et des enseignants que ces noms oubliés refont surface.
La dernière question du quizz porte sur un monogramme présent à deux endroits différents de l’église. Il s’agit des lettres A et M entremêlées, qui représentent les mots Ave Maria. Pour corroborer cette proposition, notons que sur le vitrail où figure ce dessin, on trouve une autre signature, IHS, issu du mot grec IHΣOYΣ qui signifie Jésus ou, selon diverses traductions latines peut aussi bien signifier « IN HOC SIGNO VINCES » (par ce signe tu vaincras) pour l’empereur Constantin, ou « IESUS, HOMINUM SALVATOR » (Jésus, sauveur des hommes), « IESUM HABEMUS SOCIUM » (nous avons Jésus pour compagnon) ou encore « IESUS, HOMO, SALVATOR" (Jésus, Homme, Sauveur), expressions trouvées dans de nombreux textes latins.
La présence de ces deux dessins côte à côte sur le vitrail permettent cette interprétation de l’entrelacement des lettres A et M. Notons que le même monogramme était celui de Marie-Antoinette, mais il semblerait qu’elle n’ait pas été une paroissienne régulière de l’église de Saint Martin de Beauvilliers…